Raymond Monier, éleveur dans le Cantal, a participé à la dernière réunion de l’atelier 14 des EGAlim, consacré à la recherche, l’accompagnement et l’investissement. Une synthèse générale a été esquissée et âprement discutée, avec un souci du détail parfois tatillon.

La CR a réussi à faire admettre le bien-être de l’éleveur comme prioritaire.

Parmi nos propositions fortes, il y avait les investissements en faveur de la santé des travailleurs et des conditions de travail (réduction de la pénibilité). Ces axes sont retenus comme « enjeux incontournables ». S’il est normal de répondre aux attentes des consommateurs, il ne faut pas oublier de répondre aussi à celles des agriculteurs.

La fiscalité agricole sera revue.

Nous souhaitions aussi une remise à plat de la fiscalité agricole, afin de mettre un terme à la logique de surinvestissement pour optimisation fiscale. La synthèse retient ce point et le ministère des finances réfléchit actuellement à une refonte de cette fiscalité. L'idée d’une modulation du taux de TVA pour les produits les plus « vertueux » fait son chemin, même si elle ne colle pas tout à fait à la TVA sociale prônée par la CR.

La notion de prix rémunérateurs reste boudée !

L’atelier 14 ne retient pas les prix rémunérateurs comme préalable à l’investissement. Si cela relève de la compétence européenne (PAC), il aurait au moins été possible d’admettre que, dans un environnement économique très insalubre, les prix doivent être stabilisés.

La synthèse s’oriente plutôt sur le renforcement des outils permettant de lisser les revenus agricoles, comme la contractualisation, les assurances et la fiscalité.

Les projets collectifs seront davantage aidés.

Un bonus leur sera accordé au niveau des fonds FEADER (2nd pilier). Paradoxal, lorsqu’on ne souvient qu’il y 2 ans, la loi Macron donnait la priorité aux investissements individuels avec l’amortissement de 140% !

La CR a rappelé qu’il ne faut pas pénaliser les investissements individuels et a réitéré sa demande que les aides aillent prioritairement à l’investissement sur les exploitations et non au financement des instituts, organismes de recherche ou autres organisations (APCA, INRA…). Nos chambres d’agriculture, nos centres de gestion et autres conseilleurs vont bien volontiers nous accompagner vers la transition écologique mais ils se serviront au passage, en facturant les services rendus.

Sur le terrain, des agriculteurs sont acteurs de la recherche, de l’innovation, mais ils manquent de moyens, n’ayant pas accès à des crédits d’impôt, mais qui sont de toute façon lourds à mettre en œuvre. La solution serait alors le « chèque innovation », plus simple et accessible.

La certification HVE va être relancée et renforcée.

Certains perçoivent la certification « haute valeur environnementale » comme une charge supplémentaire pour l’agriculteur, pendant que d’autres estiment que c’est un socle minimum pour le consommateur, qu’il ne s’agirait pas de tromper. La CR estime qu’elle ne représente aucun intérêt tant qu’elle ne procure pas à l’agriculteur une plus-value couvrant plus que les charges et contraintes liées à cette démarche.

L’étau se resserre-t-il autour de l’agriculteur ?

La CR a rappelé que la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, « 1 norme créée = 2 normes supprimées », ne doit pas être oubliée.

Volatilité des prix, exigences du consommateur et de la société civile, bien-être animal, mauvaises pratiques des coopératives, industriels et distributeurs, inflation de normes environnementales, distorsions de concurrence : n'auront-ils pas, tous ensemble, la peau de l’agriculteur ?

 

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