Jean-Louis Ogier, arboriculteur en Isère, évoque l'association iséroise Récolter. Elle a créé un magasin de producteurs isérois destiné à fournir la restauration collective en produits locaux. Un magasin qui fonctionne et dont l'expérience pourrait à vrai dire en inspirer plus d'un...

« Nous avions réalisé de nombreuses réunions avant de créer l'association Réaliser. L'idée maîtresse était de développer les circuits courts, notamment pour l’approvisionnement des cantines scolaires.

Au départ, nous étions une trentaine de personnes impliquées : une dizaine d’agriculteurs, des élus de la commune, quelques citoyens et des professeurs des établissements scolaires concernés par les livraisons. L'association a bénéficié du soutien financier du Conseil régional Rhône-Alpes. Rapidement, nous avons ainsi pu embaucher plusieurs salariés. Ils gèrent le magasin, procèdent aux livraisons ou font du démarchage auprès des établissements de restauration collective. Nous avons ainsi très vite pu nous concentrer sur notre travail de producteur. Nous réalisons aussi des animations dans les écoles. Une fois par mois environ, nous faisons découvrir aux enfants le métier d’agriculteur et les produits de leur région.

Aujourd’hui, après une dizaine d’années d’existence, nous avons constitué une SAS commerciale avec parts sociales d’une dizaine de membres. Cette évolution facilite la gestion commerciale de l'activité. L’association Récolter est maintenue pendant trois ans avec des parts dans la SAS liées à un apport en capital matériel (camion de livraison, ordinateur, caisses…). Il s’agit également d’assurer la continuité des contrats de trois ans passés avec les clients, notamment les collectivités locales. L'association conclut avec les établissements scolaires, en son nom et pour une durée définie, les marchés passés selon la procédure adaptée (Mapa) et appels d’offres pour l’approvisionnement des cantines.

Les difficultés rencontrées et la concurrence des mastodontes de la restauration collective

Ce genre de circuit court n’est cependant pas évident à mettre en fonction. Le seuil de rentabilité n'est pas toujours facile à atteindre. On ne peut pas prendre de marge inférieure à 25 %, voire plus, ce qui peut avoir une répercussion sur le prix des produits à l’achat chez les producteurs. Si l’on souhaite revaloriser les prix producteurs, l’approvisionnement, notamment en fruits et légumes, peut être compliqué à mettre en place. Il faut également des producteurs organisés pour produire les quantités suffisantes pour alimenter les commandes.

La distribution doit se faire dans un périmètre assez proche du lieu de production pour diminuer les coûts de livraison. Les montants des commandes jouent également un rôle important car les petites commandes coûtent plus cher à livrer. La principale concurrence reste les professionnels de la distribution de la restauration collective. Ils ont des produits toute l’année. Et puis, ils ont des produits de grande consommation que nous n'avons pas chez nous, en Isère : banane, orange, clémentine… Ceci nous amène à avoir un élargissement sur d’autres produits transformés (yaourts, jus de fruits, soupes, viande, compotes…). Ce qu’il y a de positif, c’est que les collectivités locales jouent le jeu des produits du terroir et de proximité en mettant dans les contrats un rattachement aux produits locaux. »

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