Depuis le 1er janvier 2018, les mélanges légumineuses/graminées ne sont plus éligibles à l’aide couplée à la production de légumineuses fourragères (voir l’instruction technique). Sont maintenues les aides aux surfaces implantées exclusivement de légumineuses, ainsi que de mélanges légumineuses/oléagineux et légumineuses/céréales.

Le ministère avait évoqué la possibilité de cette suppression le 15 décembre dernier, mais sans la confirmer. Il l’avait alors justifiée par la volonté de préserver les montants unitaires de l’aide face à l’augmentation des surfaces éligibles. La CR avait été le seul syndicat à interpeller le ministre sur les conséquences désastreuses de cette décision.

L’annonce du ministère est d’autant plus inacceptable que de nombreux agriculteurs, espérant légitimement toucher cette aide en 2018, ont déjà semé ces mélanges à l’automne. De plus, elle est totalement incohérente avec la volonté des pouvoirs publics de promouvoir l’autonomie fourragère et protéique en Europe.

Cet épisode vient encore une fois illustrer la contradiction des aides couplées que la CR ne cesse de dénoncer : d’un côté, ces aides incitent les agriculteurs à augmenter leur production, de l’autre, elles sont financées à budget constant. Lorsque les budgets sont dépassés en raison de l’augmentation de la production, les pouvoirs publics ne voient que deux options : réduire les montants unitaires ou exclure une partie des producteurs initialement visés par l’aide. Les agriculteurs sont toujours les perdants de ce système absurde.

Favoriser le développement des cultures fourragères

Pour la CR, il est impératif que le ministère assume ses responsabilités et assure le paiement de cet aide pour 2018. Toutefois, cette mesure doit être provisoire et ne peut être efficace qu’à condition de mettre en place une véritable protection aux importations de protéines végétales, de façon à favoriser le développement des cultures fourragères en Europe. Tel est le prix à payer pour se prémunir de la volatilité des prix et des importations de soja OGM traités au glyphosate que la CR a mis en avant lors de son action dans les ports de Lorient et de Saint Saint-Nazaire.

Cette décision est un coup supplémentaire porté aux éleveurs : ces derniers ont déjà subi le rabotage de l’aide bovins allaitants, de l’aide ovine, et sans doute prochainement de l’ICHN. Alors que les négociations commerciales en cours ne respectent pas la charte des EGA, les éleveurs doutent que la perte de ces montants puisse être compensée par le projet de loi d'inversion du prix qui sera présenté le 31 janvier prochain.

Dans la même catégorie

Grandes cultures
Alimentation
Économie
Dégâts de gibiers