Le 8 janvier 2019, Alain Sambourg et Agnès Henry, respectivement Vice-Président et Secrétaire Générale de la CR77, ont accueilli une visite de leurs exploitations dans le cadre du diagnostic participatif de la nappe du Champigny. Ils pratiquent tous les deux l'agriculture de conservation et c'était l'occasion d'expliquer en détail leurs méthodes ainsi que l'impact sur la vie du sol et sur l'eau. Vous trouverez le compte-rendu de cette visite en cliquant ici. En voici quelques extraits :

"Agnès Henry nous a accueillis sur ses terres, aux Granges, sur la Commune de Villiers-SaintGeorges. Nous sommes aux confins de la Seine-et-Marne, à la frontière avec la Marne. L’Aubetin dont la source est à environ 2 km passe par là. Pour Mme Henry qui a repris l’exploitation dans les années 1990 après ses parents, la petite rivière contribue à rendre ce site exceptionnel. Elle a toujours eu envie de le préserver, comme son sol. Les terres sont réputées être les plus difficiles de la commune: ce sont des terres courtes argilo-calcaires avec beaucoup de cailloux. Cela a fortement joué dans son choix de se convertir à l’agriculture de conservation.

Cela fait 15 ans qu’elle s’est inscrite dans cette démarche de préservation du sol et elle pense qu’elle va pouvoir transmettre à son fils un outil de production tout à fait intéressant en termes de qualité structurelle du sol et de matière organique. Elle lui a déjà transmis ses convictions sur l’agriculture de conservation puisqu’il a adopté ce type de technique dans la ferme qu’il a repris. Sur ses 230 ha, elle cultive une diversité significative de cultures: des céréales, des protéagineux, des légumineuses, des betteraves, et des semences de légumineuses avec un producteurs de semences basé à une vingtaine de kilomètres."

"Alain Sambourg, notre second hôte, a une ferme non loin de là, au Courtil des champs, vers la forêt domanial de Jouy le Châtel. Deux affluents de la Visandre, le ru de l’abbaye et le ru de Riot traversent l’exploitation, en amont des zones infiltrantes de la rivière. Il dispose de 156 ha de même que son frère auxquels s’ajoutent les 120 ha de son voisin. Si les trois partenaires ont conservé une société par exploitation pour éviter des complications en cas de mésentente, ils font toutefois un assolement en commun que ce soit pour les cultures et le matériel. Ils regroupent également les parcelles sans s’occuper de la propriété des uns et des autres et le produit est proportionnel au nombre d’hectares. Cela permet de lisser l’hétérogénéité de la qualité des sols entre les parcelles et de répartir les revenus de façon équitable. Alain Sambourg tient à nous présenter cette organisation car pour lui, c’est bien cette force à 3 qui leur a permis d’enclencher la dynamique du passage au semis direct dès 2004.

Il n’y a donc pas de passage mécanique par volonté de préserver le sol et de garder son caractère vivant. Pour démontrer son propos, l’agriculteur nous fait une simulation de labour à la bêche : il retourne la terre. Effectivement, les plantes en surface sont arrachées (le labour était la solution historique pour désherber). Seulement, l’impact sur la macrofaune du sol et notamment sur les vers de terre est dévastateur : le système de galeries qu’il a patiemment construit est détruit, “c’est comme si on retournait votre maison sur le toit tous les ans” illustre-t-il.

De plus, les vers se retrouvent exposés aux oiseaux et à la charrue qui les tranche alors que ce sont eux qui labourent la terre depuis des millénaires. Ils décomposent la matière organique, permet de rendre assimilable l’acide phosphorique par la plante (qui doit passer par l’intestin des vers de terre pour cela). De la même manière, en remontant à la surface les champignons anaérobies, on les fait disparaître. Il explique que l’INRA dans les années 60 leur a conseillé de labourer à 40 cm pour produire du maïs pour nourrir les animaux. Le résultat est que toute la matière organique a été enterrée et qu’ils sont passés de 4,5 de matière organique à 1 ce qui n’est pas adapté à une production de qualité. “Et surtout on a des sols qui laissent passer des éléments dans l’eau et qui ne jouent plus leur rôle de filtre naturel de toute la pollution qui vient de la surface. Si l’on continue, et que l’on ne pense pas à la qualité des sols pour préserver la qualité d’eau, on va au clash”."

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