Pour la CR, il n’y a pas lieu d’opposer ou de cloisonner l’agriculture bio et l’agriculture conventionnelle. Il faut au contraire favoriser les passerelles de transfert de techniques entre ces formes d’agriculture, pour faire progresser l’agriculture en général en termes de qualité et de durabilité. L’agriculture devra prendre le meilleur de chaque approche, pour constituer un éventail de formes adaptées aux nouvelles contraintes, à savoir principalement la baisse de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, la plus faible disponibilité des engrais, mais aussi la raréfaction des énergies fossiles.

Le succès d’une autre forme d’agriculture

De nombreux agriculteurs ont franchi le pas de la conversion (totale ou partielle) vis-à-vis de l’agriculture biologique (AB) et la plupart avec succès ! Désir de reprendre en main son métier avec plus de contact avec les éléments naturels (voire les consommateurs), lassitude et doute face au discours des firmes de l’agrochimie, des semences, des médicaments vétérinaires ou de la coopération, ou simplement challenge à relever pour retrouver une rémunération avec des prix plus justes ; les raisons qui poussent à la conversion vers l’AB sont multiples.

Avant de prendre la décision de se convertir, il est nécessaire de faire un bilan de la ferme afin de lister les points forts et les freins à la conversion vers l’AB. Les points forts peuvent être par exemple : installations existantes de stockage ou transformation, expérience dans la commercialisation ou la vente directe, pratique du binage, sols faciles à travailler… Les facteurs limitants sont souvent : manque de main d’œuvre ou de fertilisants organiques disponibles localement, période de transmission de l’exploitation, parcellaire ou sols compliqués…

Entre démagogie politique et réalités économiques

Tout le monde, surtout dans les partis politiques et les milieux urbains, adore la bio ! Dans les campagnes, c’est hélas un peu plus compliqué de se lancer dans la bio, de produire et d’en vivre… La France a du mal à suivre le rythme de développement moyen de ses voisins européens. A l’origine, l’agriculture biologique s’est bien développée en France puis elle a pris un retard considérable au début des années 2000. Aujourd’hui, après de nombreux plans de développement plus ou moins efficaces, la France retrouve une place honorable. S’il y a encore un potentiel de développement de l’agriculture biologique en France, l’objectif de 12 % de la SAU, défini par le Grenelle de l’environnement n’est pas sérieux.

Comment aider l’agriculture bio ? Les propositions de la CR

Quand un agriculteur prend la décision de convertir sa ferme, le plus difficile est de passer les 2 ou 3 années de conversion avec des charges « bio » et des produits « conventionnels ». Il va devoir investir dans du matériel nouveau car spécifique à la bio et également renouveler du matériel dans un souci de fiabilité car, en bio, il faut être en mesure d’intervenir au bon moment. C'est pour tenir compte de ces contraintes que la CR demande que la période de conversion soit aidée au même niveau que le manque à gagner encouru et cela sans plafonnement ou limitation de surface. Dans le cadre des aides à la conversion, les investissements en matériels doivent être éligibles à des subventions à un niveau incitateur afin de permettre aux agriculteurs bio de travailler dans de bonnes conditions. Comme elle le défend pour les produits issus de l'agriculture conventionnelle, la CR milite pour un prix des produits bio qui permettent à l'agriculteur de vivre des fruits de son travail, plutôt que des aides au maintien qui s'apparentent à de l'assistanat. Pour lutter contre les distorsions de concurrence avec les autres pays, la CR propose d’instaurer la TVA sociale plutôt que de remettre une couche supplémentaire d’aides directes. Ce sera plus efficace et les  agriculteurs en sortiront valorisés.

Comme type de fiscalité environnementale, en excluant l’impôt foncier qui pénaliserait les communes rurales, la CR mise de préférence sur l’accès à une imposition au bénéfice forfaitaire pour les exploitations agricoles qui engagent une conversion, même partielle. Pour ces exploitations mixtes, on peut imaginer une réduction d’impôts sur les bénéfices agricoles au prorata des activités converties en bio ou un système de non reversement de la TVA.

Les limites de l’agriculture biologique

Plus utilisatrice de main d’œuvre que l’agriculture conventionnelle, la bio est encore plus pénalisée par la concurrence des pays à faibles coûts salariaux et sociaux. Se convertir à la bio pour échapper aux prix agricoles bas imposés par le libre échange n’est certainement pas une solution sans danger à moyen terme, bien au contraire. L’agriculture biologique européenne reproduit hélas également une des tares de notre agriculture conventionnelle : sa dépendance vis-à-vis des protéines végétales importées pour les aliments du bétail. Ces problèmes ont pour origine l’absence de préférence communautaire dont il est urgent de rénover les mécanismes.

Les idées de la CR ne sont plus représentées au niveau de la commission en charge de la réglementation bio, depuis qu’elle a été intégrée par l’Institut de la qualité (INAO). Cette exclusion l’empêche d’accéder aux informations, de transmettre les attentes de ses adhérents et d’intervenir sur l’évolution réglementaire de l’AB.

La vision de la CR pour la Bio

Les agriculteurs bio le disent tous : ils reprennent plus de plaisir dans leur métier après une conversion. La CR déplore qu’il y ait un divorce entre deux formes d’agriculture : la bonne bio et la mauvaise conventionnelle… Accepterait-on une telle dualité dans l’industrie, la santé ou l’enseignement ? Il y a bien un problème au sein de notre profession… Pour la CR, il ne doit pas y avoir un mur étanche entre ces deux agricultures car des synergies doivent s’instaurer : l’agriculture biologique peut servir de laboratoire et de vitrine pour l’agriculture conventionnelle. Dans cet esprit, la CR défend la mixité, c’est-à-dire la présence des deux formes d’agriculture sur une même exploitation : l’environnement à tout à y gagner. Afin de gagner en compétitivité et de favoriser une économie de proximité, la CR demande que les éleveurs bio puissent acheter leurs grains directement auprès des cultivateurs. La recherche doit s’intéresser à l’agriculture biologique : variété résistantes, techniques de luttes contre les mauvaises herbes (guidage GPS, caméras optiques), développement de solutions alternatives efficaces aux produits phytopharmaceutiques et aux médicaments vétérinaires.

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