L'organisation Greenpeace a pointé dans un article l'agrandissement des exploitations agricoles en s'appuyant sur la nomenclature post 2014 des sites soumis à autorisation au régime ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement)Il apparait que la base de données disponible sur le site internet des installations classées n'est, non seulement pas mise à jour, mais ne tient pas compte également du changement législatif, conservant dans la liste des exploitations soumises au régime d'autorisation des exploitations pourtant en dessous des seuils. Ainsi de nombreuses exploitations pointées du doigt par Greenpeace n'existent plus ou ne correspondent pas aux critères annoncés.

Au-delà de la critique évidente du critère retenu par Greenpeace la Coordination Rurale observe que ces agrandissements ne relèvent pas de choix, mais de la nécessité de réduire les charges, faute de prix rémunérateurs. Partant de ce constat, qui ne relève pas de la délation puisqu'il s'agit de données publiques, la CR, qui refuse d'opposer les différents systèmes de production existant en France, préfère rechercher les causes de ce phénomène et surtout les responsables :

- l’État et l'UE qui imposent toujours plus de normes et d'investissements non-productifs qui engendrent une course aux économies d'échelle et donc à la concentration. L'exemple le plus marquant dernièrement est certainement la production de palmipèdes. Pour lutter contre la grippe aviaire, l’État a imposé des mises aux normes coûteuses et le confinement pendant des périodes à risques, réduisant ainsi la production par bâtiment  sans agir sur les prix de vente unitaires. Par conséquent, les producteurs, pour ceux qui ont pu investir, sont contraints à produire plus pour maintenir leur revenu.

- les lobbies environnementaux et les associations de consommateurs qui réclament une production alimentaire toujours plus verte, contrôlée et aseptisée. Au final, cela pénalise les exploitations individuelles ou familiales qui ne peuvent s'y conformer et encourage le développement d'une agriculture à deux vitesses. Combien d'exploitations ont du cesser un atelier secondaire lors d'une mise aux normes ou d'un contrôle pour se consacrer à une seule production, fragilisant sans le vouloir leur entreprise en cas de crise sur cette production unique ?

- le syndicalisme dit majoritaire qui depuis l'après guerre n'a pas su changer de mode de pensée : augmenter ou maintenir le revenu des producteurs par la réduction des charges, l'amélioration de la productivité et la compétitivité, conduisant à la spécialisation, la concentration et la réduction du nombre d'agriculteurs.

Il est temps de sauver l'agriculture familiale européenne en instaurant l'exception agriculturelle pour des prix rémunérateurs.

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