Les conséquences de la dérégulation voulue par l'Europe avec la fin des quotas laitiers sont là. Et le programme de réduction prôné depuis longtemps par l'OPL et l'EMB, repris en partie par l'Europe, arrive malheureusement un peu tard.

Pour réduire le trop plein de lait, l'Europe a mis en place une aide à la réduction volontaire et temporaire de la production laitière. Mais "victime" de son succès, l'enveloppe allouée à ce programme d'aide a été presque consommée en totalité lors de la 1ère tranche, au point d'amener la Communauté Européenne à fixer un coefficient d'attribution sur la 2ème tranche. Etabli très précisément à 0,12462762, il signifie qu'un producteur ayant demandé une réduction de 100 kg se verra allouer 12,463 kg par la Commission, pour lesquels il recevra une compensation de 14 centimes/kg. La France s'est toutefois engagée à verser le complément de 10 cts (avec le plafond de 5% de réduction).

Aux USA, les éleveurs ont jetés quelques 43 millions de gallons de lait (soit 162 millions de litres) du fait de la surproduction. Toujours aux Etats-Unis, un scandale a fait surface, celui du massacre par l'industrie de 500 000 vaches laitières pour maintenir les cours entre 2004 et 2008. C'est une autre manière de concevoir la régulation.

Conception pas si éloignée que ça de celle de la France qui laisse disparaître ses éleveurs : on régule par la diminution du nombre de producteurs, qui pour certains ne peuvent plus nourrir leur famille... un comble pour quelqu'un qui nourrit les autres !

En Allemagne, ce sont ainsi environ 10 000 fermes qui devraient arrêter la production laitière.

Malgré cela, l'Europe prévoit malgré tout plus de lait, mais avec moins de vaches.

Si on peut constater un rebond du prix du lait, il est encore faible, ne donne guère de perspectives à court et moyen terme aux éleveurs. Selon CLAL.it, le spot NL serait à 420 € (pour du lait à 44% de MG). "Evalué en France à 293 euros/1.000 litres en août 2016, le prix du lait standard 38/32 g/l augmente de 5,5 euros/1.000 litres par rapport au mois de juillet 2016", selon France AgriMer, qui indique que ce prix reste en retrait de 44 euros les 1.000 litres par rapport à août 2015. La moyenne UE15 était de 275€/1000 litres en septembre.

Cette hausse des marchés non répercutée aux éleveurs amène le Plymouth Herald à parler de scandale sur le prix du lait, en pointant les 200 millions de livres de manque à gagner pour les éleveurs anglais. Le syndicat National Farmers’ Union a appelé "les laiteries à reconnaître la vigueur des marchés, et de commencer à payer des prix équitables et durables aux producteurs."

Outre Rhin, la laiterie DMK a augmenté son prix payé aux producteurs de 30€ la tonne... pour atteindre 252 €/t en octobre. Pas de quoi se réjouir donc, d'autant que le standard DMK est à 40/34... Bien loin donc des 450,50 €/t jugés nécessaires pour juillet 2016 selon une étude menée par le Büro für Agrarsoziologie (BAL) et l’European Milk Board (EMB).

Mais heureusement, le PRM (Programme de responsabilisation face au marché) défendu par l'EMB et l'OPL de la CR fait son chemin, jusque dans un rapport parlementaire présenté par Yves Daniel et Hervé Gaymard.

La prise de conscience semble en bonne voie, mais encore combien d'éleveurs européens disparaîtront avant une décision politique ?

Mais il est au moins un éleveur heureux qui aura gagné "un peu" plus d'argent que les autres. Il s'agit de Ethan Steiner de l'élevage "Pine Tree Dairy" dans l'Ohio. Il vient de revendre une vache 270 000 $ à la World Dairy Expo de Madison !

Dans la même catégorie

Élevage
Élevage
Aides animales
Élevage