Alors que le possible retrait de l’autorisation de mise en marché du glyphosate alimente les débats, l’Anses vient de retirer – en toute discrétion - la seule alternative au glyphosate : le glufosinate. Cette décision est lourde de conséquences car il ne restait que ces deux matières actives aux herbicides non sélectifs sur le marché.

Pour Nicolas Jacquet, agriculteurs dans les Landes, ce retrait apparaît « comme le coup de grâce pour des cultures mineures comme les plantes aromatiques, médicinales et à parfum, pour lesquelles il n’y a que très peu d’herbicides homologués et sélectifs ». Pour ces cultures, la production avec des méthodes issues de l’agriculture biologique devrait donc devenir l’unique possibilité et ainsi entraîner une chute importante des rendements et une sensibilité accrue face aux aléas climatiques. Les filières ont de quoi s’inquiéter côté disponibilité et gestion de marché !

Ce retrait va également impacter des cultures majeures, et ce, à de nombreux titres.

Tout d’abord écologiquement, puisque l’impossibilité de désherber chimiquement va entraîner une augmentation drastique des passages. Le désherbage mécanique sera donc beaucoup plus impactant et alourdira notre empreinte carbone.

Ensuite agronomiquement, puisque certains sols (en pente, sols légers, etc.) ne permettent pas de désherber mécaniquement un certain nombre d’adventices. De plus, un enherbement n'est pas toujours conseillé en termes de concurrence hydrique.

Enfin économiquement, dans la mesure où il faut plus de passages en désherbage mécanique qu'en désherbage chimique pour obtenir un résultat pas toujours équivalent. Par exemple en verger, il faut compter 5 ha/h en désherbage chimique contre 5 h/ha en désherbage mécanique !

La Coordination Rurale s’inquiète de ce retrait et de voir encore réduit le spectre de désherbants. On s’achemine lentement mais surement vers une spécialisation et une unicité des molécules, ce qui devrait poser le même problème que les antibiotiques : une augmentation des risques de résistances.

L'interdiction totale est une erreur fondamentale : il serait préférable de maintenir plus de spécialités en limitant le nombre d'applications pour éviter les résistances et la surutilisation plutôt que de les supprimer !

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