Après une moisson 2017 sous les caprices de la météo, des rendements très disparates d’une région naturelle à une autre et d’une culture à une autre, les états généraux de l’alimentation sont au coeur des préoccupations de la profession agricole.

Il est vrai que l’un des buts de ces EGA est avant tout de faire en sorte que ceux qui nourrissent leur pays puissent vivre dignement de leur métier, mais également que les consommateurs soient garantis d’avoir dans leurs assiettes des aliments de qualité.

Le chef de meute des prix bas, Michel Edouard Leclerc, non content d’assouvir sa soif de marge toujours plus importante et de mettre les producteurs sur la paille, accuse et pointe du doigt le manque de traçabilité. Qu’il est facile d’accuser les autres quand on les étrangle avec une demande de prix toujours plus bas !

La qualité ayant un prix, à force de ne pas vouloir la payer, on finit toujours par pousser à la faute. Pour imager, je dis toujours que l’on ne fabrique pas une Mercédès avec de la tôle de 2 CV.

Après le scandale de la vache folle où, pour baisser les coûts, les farines n’ont pas étés chauffées suffisamment, après les lasagnes à la viande de cheval de Roumanie, moins chère que le boeuf français, nous nous retrouvons aujourd’hui avec le scandale des oeufs au Fipronil.

Ce produit interdit en France sert à détruire les poux dans les élevages les plus intensifs. Pourquoi intensifs ? Pour répondre aux prix bas imposés par la grande distribution. Avec ce nouveau scandale, la course aux prix bas vient de démontrer une fois de plus ses limites :

  • anti sociale car faisant appel à de la main d’oeuvre bon marché,
  • anti qualité car utilisant des produits douteux voire interdits en France,
  • anti économique, car souvent produits hors de France,
  • anti environnementale car produits souvent à des milliers de kilomètres du lieu de consommation.

Au cours de ces états généraux de l’alimentation, le législateur devra trouver le moyen de protéger le revenu des agriculteurs, en leur permettant d’obtenir des prix, non seulement rémunérateurs, mais leur permettant également d’assurer des productions de qualité.

Faute de quoi surgiront de nouvelles dérives ou la marge, la rentabilité l’emporteront sur la qualité et la sécurité alimentaire.

Michel Legrand, Président de la Chambre d'agriculture du Calvados

http://www.chambre-agriculture-14.fr/edito/

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