Les aides bovins allaitants ont fait parler d'elles la semaine dernière. Réactions.

Le régime kafkaïen des primes

Le ministère de l’Agriculture a publié la semaine dernière deux arrêtés relatifs au versement des aides bovins pour la campagne 2016. Comme l’année dernière, l’élevage allaitant en sort perdant. Afin de respecter le plafond national de vaches primées fixé à 8 845 000 depuis deux ans, le nombre de vaches éligibles se verra appliqué un coefficient de 0,955. Pour chaque demandeur, le nombre de vaches primées sera donc inférieur de 4,5 % au nombre de vaches éligibles.

Après les retards de paiement subis, après le scandale des « ordres de recouvrer » envoyés injustement aux agriculteurs par l’ASP, cette réduction vient à nouveau mettre à mal le revenu des agriculteurs.

Surtout, elle illustre les limites du système d’aides qui constitue l’essentiel de nos politiques agricoles. Le plafond national de vaches primées issu d’une approche uniquement budgétaire ne prend pas en compte l’hétérogénéité des production et des débouchés, et ne permet pas une régulation efficace du troupeau bovin français. Aujourd’hui, l’ensemble des éleveurs doit payer pour un système qui fait semblant de s’intéresser aux problèmes en dégageant des enveloppes, mais pour un montant individuel toujours plus dérisoire. Et cela avec l’assentiment de la FNB, qui rappelons-le avait accepté de supprimer la référence historique individuelle.

L’aide aux jeunes bovins légers : rappeler le rôle régulateur de l’export

L’actualité concerne également l’aide au jeune bovin léger. Partant du constat qu’elle ne rencontrait qu’un faible succès parmi les éleveurs, la Confédération Paysanne a appelé vendredi dernier à élargir cette aide aux génisses ainsi qu’à la prolonger jusqu’à la fin du printemps. Bien qu’aucune enveloppe globale n’avait été annoncée par le ministère lors de la création de l’aide, il est à parier qu’une extension n’aurait pour seul effet que de diluer les montants accordés. Plutôt que de prendre un tel risque, il serait plus sage de conserver l’aide aux jeunes bovins et la débloquer de manière cyclique lorsque les indicateurs économiques prévoient un engorgement des marchés.

La Confédération Paysanne regrette également que l’aide, réservée aux jeunes bovins, ne soutienne que les productions soumises à la volatilité des marchés. Comme elle, la Coordination Rurale a toujours dénoncé les dangers du tout export. Mais il faut rappeler que l’exportation des jeunes bovins destinés à l’abatage est une composante essentielle de la stabilisation des prix sur le marché intérieur. De plus, elle permet de rétablir quelque peu le rapport de force entre les éleveurs et l’aval, qui sont très différents sur le plan de la taille économique. Par l'exportation d'animaux vifs, les éleveurs et les opérateurs économiques ont la possibilité d'établir un contre-pouvoir à travers cette forme de régulation du marché.

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