Le 6 avril dernier, la Coordination Rurale de Lozère s’est réunie en Assemblée générale à Rieutort de Randon. Bernard Lannes, président national de la CR, et Benoît Denis, animateur élevage, ont présenté une analyse sur l’impact du Ceta pour les éleveurs français.

Le marché mondial de la viande bovine

66 millions de tonnes de viande bovine sont produites dans le monde. Actuellement, 60 % du marché de la viande bovine provient du cheptel laitier. Les pays consommateurs ne sont pas toujours les plus grands producteurs. L’Australie est le premier pays exportateur, alors que les États-Unis sont les plus gros consommateurs. Seulement 15 % de la production est échangée à travers le monde, c’est pourtant le cours mondial qui aura un impact sur le prix d’achat aux éleveurs.

Le Ceta en quelques mots

Le Ceta est un accord permettant de faciliter les échanges commerciaux, il a été conclu entre l’Union européenne et le Canada. Le Canada est seulement le 12e partenaire commercial de l’UE. L’objectif premier du Ceta est d’abolir les droits de douane existants. Les éleveurs français voient d’un mauvais œil cet accord qui pourrait tirer les prix à la baisse. Les Canadiens, qui disposent d’un marché équilibré en lait et fromage, n’en veulent pas non plus.

Quid de la qualité des produits

Des barrières non tarifaires obligent les pays importateurs à se conformer aux règles sanitaires et phytosanitaires strictes en usage au sein de l’UE. Or, il est indiqué dans cet accord que les mesures sanitaires et phytosanitaires ne doivent plus faire obstacle aux échanges. Autrement dit, les Canadiens ont tous pouvoirs pour exporter aux Européens des produits OGM, de la viande traitée aux hormones, au ractopamine, à l’acide citrique ou péroxyacétique, de la viande hachée radiée, etc. Les industries agroalimentaires se réjouissent de l’arrivée de minerai de moindre qualité à bas coût qui leur permettra d’améliorer leurs profits. Pour pallier à cela, la CR demande la mise en place d’un étiquetage intégral qui permettra au consommateur de s’informer sur l’origine précise de chaque produit et sur les traitements subis par la viande. La seule façon de se prémunir de ces produits, considérés comme dangereux et interdits par l’Union européenne, serait l’activation d’une clause de sauvegarde par l’ensemble des pays européens. Les Canadiens ne doivent donc pas beaucoup trembler...

Qui sera le grand gagnant ?

L’impact commercial de cet accord permettrait à l’Union européenne d’enregistrer une augmentation de 12 milliards d’euros et de 8,2 milliards pour le Canada. L’Union européenne, et principalement le secteur des boissons, semble bien être gagnant dans cet accord. Mais si l'on compare ce chiffre à la taille des deux économies, l'accord permettra à terme une augmentation d'environ 0,08 % du PIB pour l'UE et d'environ 0,77 % pour le Canada. C'est-à-dire des gains macroéconomiques dérisoires. En tout état de cause, les prix payés aux producteurs baisseraient de 10 %, ce qui aurait une incidence négative de 30 % sur leur revenu. Mais attention, ces chiffres ne sont que des estimations car l’accord n’entrera en vigueur qu’à partir du 1er mai 2017.

Que cherche l’Union européenne ?

Les agriculteurs sont en droit de se demander quel est l’objectif affiché par l’Union européenne suite à la ratification de cet accord ? L’importation massive de produits agricoles, et plus particulièrement de viande bovine, ne finira-t-elle pas par achever une filière déjà en souffrance ? Les politiques européens agissent en tout état de cause afin de réduire l’agriculture à son plus strict minimum, et ainsi, en finir avec la PAC devenue trop coûteuse. L’importation plutôt que la production. Mais leur vision n’est que partielle, car comme l’expliquait Jacques Laigneau, fondateur de la CR, l’alimentation est une arme dont il vaut mieux disposer.

Loup : la CR en justice

Le Collectif national de préservation des activités agropastorales et rurales a déposé un recours en excès de pouvoir auprès du Conseil d’État à l’encontre du Premier ministre qui n’a pas répondu à leur demande de réviser la convention de Berne. La Coordination Rurale a décidé d’une intervention volontaire en soutien au recours déposé par le CNPAAR. Le député Pierre Morel-A-l’Huissier, présent à l’assemblée générale, a souhaité remercier la CR, seul syndicat à avoir pris part à l’action menée en justice pour dénoncer le statut protégé du loup. Le député a demandé par injonction de connaître le nombre exact de loups présents sur le territoire, le comptage est jugé primordial pour la CR.

député morel Le député Pierre Morel-A-l'Huissier  

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