Depuis le 10 mars dernier, l’enseigne de distribution Carrefour a lancé une nouvelle campagne de publicité vantant la qualité de ses produits. Parmi ces spots publicitaires, l’un d’eux met en avant les nuggets végétariens vendus par l’enseigne dans le but de promouvoir sa gamme « Veggie ». Cette gamme, qui cible les consommateurs végétariens, rassemble un ensemble de produits bannissant les ingrédients d’origine animale. La publicité insiste sur le fait que cette gamme permettrait une alimentation plus variée, et serait davantage bénéfique pour la santé et l’environnement.

Ni sain, ni écologique

À l’opposé de ce slogan simpliste, la Coordination Rurale entend rétablir quelques vérités et rappeler ses positions sur ce sujet. En premier lieu, la CR ne cesse de rappeler que chacun doit rester libre de ses choix alimentaires, et que nous ne nous opposons en rien au régime végétarien. Encore faut-il que le consommateur puisse choisir ses aliments en toute transparence. Aussi, la CR s’est très tôt engagée pour clarifier la dénomination des substituts végétaux aux produits d’origine animale. Nous refusons que des produits puissent être qualifiés de « steaks » de « fromages », ou encore de « nuggets » lorsqu’ils sont issus de protéines végétales.

En second lieu, la consommation de viande, d’œufs ou de produits laitiers fait partie intégrante d’un régime diversifié. En promouvant une alimentation saine et variée par le biais de sa gamme « Veggie », Carrefour omet de rappeler que les végétariens peuvent être exposés à de sérieuses carences alimentaires, notamment en vitamines D et B12, en fer et en calcium. C’est ce que rappelle le dernier hors-série du magazine 60 millions de consommateurs, paru il y a deux semaines et portant sur la consommation de viande. Ce n’est pas la consommation de végétaux au détriment d’aliments carnés qui est bénéfique pour la santé, mais la variété et l’équilibre des repas.

En troisième lieu, il est ironique de souligner les bénéfices environnementaux des nuggets sans viande alors que les substituts végétariens vendus en grande surface sont des produits agro-alimentaires très transformés. Ils comportent de nombreux additifs, qui sont eux-mêmes issus de processus industriels lourds. En outre, l’origine et le mode de production des végétaux utilisés, notamment le soja, ne sont généralement pas précisés. Quel est le véritable impact environnemental de ces produits, en matière de consommation d’eau et de bilan carbone, face à la viande issue d’animaux nourris à l’herbe et engraissés par du fourrage produit en France ?

Le double jeu de Carrefour

Enfin, la CR rappelle que l’enseigne Carrefour s’est engagée en septembre 2016 dans la démarche « Cœur de Gamme ». Cette démarche, lancée par la Fédération nationale bovine (FNB), est censée améliorer la rémunération des éleveurs et promouvoir la commercialisation de viande issue du troupeau allaitant. On peut s’étonner du décalage entre d’un côté cet engagement apparent pour les éleveurs, et de l’autre la promotion des substituts végétaux aux produits d’origine animale. En réalité, cet engagement n’est qu’un leurre, puisque le « Cœur de Gamme » ne permet de rémunérer qu’une minorité d’agriculteurs de manière totalement opaque. Si Carrefour veut réellement soutenir les éleveurs, l’enseigne doit d’abord se garder de lancer des slogans trompeurs sur les aliments végétaux. Elle doit ensuite poursuivre ses engagements initiés grâce à sa démarche « Filière Qualité Carrefour », plus transparente et bénéficiant à bien plus d’éleveurs que le Cœur de gamme.

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