À juste titre, l'émission "Cash Investigation" a attiré un large public, soucieux de sa bonne santé et des produits qui la menacent. À l'issue de celle-ci, les pesticides étaient manifestement à l'origine de tous les cancers, et ceux qui les utilisent des assassins... L'objectif était atteint.

Ce reportage était articulé autour d'un avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), référence en la matière, qui notait que "97 % des denrées alimentaires contiennent des pesticides", laissant croire que la quasi totalité des aliments était toxique. Seuls les 3 % restants seraient consommables et forcément issus de l'agriculture biologique. Cette vérité balancée à la huitième minute a tracé le fil conducteur de l'émission, et à partir de là, le spectateur était conditionné pour tout avaler, sauf son dîner.

Or, à y regarder de plus près, la fin de la phrase a été volontairement oubliée. Il manque: "dans les limites légales". Ce qui change tout, car les 97 % sont devenus sans danger et les 3 % restant sont effectivement la part de produits dépassant les taux de pesticides autorisés.

Certes, les pesticides ne sont pas anodins pour l'utilisateur et le consommateur, et nous devons tendre vers une diminution des volumes utilisés en supprimant les traitements systématiques et en recherchant des méthodes alternatives naturelles.

Cette grossière manipulation ne rend service à personne. Ni à l'agriculture conventionnelle qui fait de réels efforts et qui, rappelons-le, n'utilise que des produits homologués (donc autorisés), ni à l'agriculture biologique, dans sa grande majorité consciencieuse et courageuse, respectueuse d'un cahier des charges très contraignant. En effet, dans ce climat malsain où tout le monde ment à tout le monde, nous perdons tous notre crédibilité auprès des consommateurs. On nous a fait le coup avec les nitrates ; maintenant, c'est avec le réchauffement de la planète, et demain, ce sera la toxicité des viandes que l'industrie chimique souhaite remplacer par de la viande artificielle, source, on peut l'imaginer, d'énormes profits.

Il nous faut des organismes de recherche crédibles, fiables, dont les résultats sont incontestables et qui seront la base d'un travail commun entre agricultures conventionnelle et biologique, afin de proposer une alimentation saine et sans danger. 

Une information mensongère de ce type devrait être un délit sévèrement condamné.

Jean-Pierre TORNIER.

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