Comme ailleurs en France, l'agriculture bretonne souffre d'un fort déficit de renouvellement des générations. Chaque année, le nombre d'actifs diminue un peu plus. Ainsi, selon le service de statistiques agricoles officiel du ministère de l'Agriculture, Agreste, la population de chefs d'exploitation et coexploitants a diminué d'un peu plus de 2 % entre 2014 et 2015.

Pour Jérôme Daniel, adhérent de la section jeune de la CR, la situation est critique : « en une année, nous avons perdu presque 1 000 actifs agricoles, c'est énorme !!! Et ce n'est pas un phénomène récent. Si l'on compare avec 2010, nous avons perdu plus de 4 000 actifs, et pas loin de 20 000 depuis 2010. »

Il existe le dispositif d'accompagnement à l'installation, qui tente d'enrayer ce phénomène, mais la réalité c'est qu'il bénéficie finalement à peu de jeunes : 472 bénéficiaires en 2016, selon les chiffres du Comité Régional Installation Transmission. « C'est trop peu… Et que dire des montants : 16 800 € en moyenne en 2016, qui n'ont plus aucun rapport avec le niveau d'investissements nécessaires pour démarrer une activité agricole, en production laitière ou porcine par exemple ».

À la CR, nous dénonçons également, depuis la mise en œuvre de la régionalisation de la DJA, le concept de « modulation de l'aide ». « Concrètement, un jeune obtiendra davantage de DJA si son projet répond à certains critères. C'est injuste et inadapté au contexte actuel, où, en raison du déficit d'installation, il faudrait pouvoir soutenir de manière importante tous les jeunes, quel que soit leur projet. Mais ce n'est visiblement pas dans l'air du temps, on préfère compliquer et sélectionner plutôt qu'aider simplement !!! »

La dernière réforme, intégrée en 2017, confirme encore ce positionnement, même si la région Bretagne a choisi les options les plus simples possibles, en adoptant une seule tranche pour la modulation « coût de reprise-modernisation supérieur à 100 000€ ».

« L'enveloppe complémentaire pour la DJA (issue de l'ancien dispositif de prêts bonifiés, supprimé car inefficace dans le contexte bancaire actuel) aurait pu être consacrée à une revalorisation générale du montant de base de la DJA, comme nous l'avons proposé au niveau national. Mais non ! À la place, le ministère a décidé de créer une 4e modulation, liée au degré d'investissement lors de l'installation. »

«Je me suis moi même installé hors cadre familial, et autour de moi, je constate que sans notre apport, le renouvellement des générations en agriculture serait pire encore aujourd'hui. La modulation de DJA donne une marge de manoeuvre supplémentaire, mais pour les HCF comme pour les autres, la problématique de l'installation en agriculture ne pourra être résolue que si les politiques s'attaquent enfin au problème de rémunération de l'agriculture. »

« Pour moi, c'est une évidence : je n'ai pas choisi ce métier pour vivre d'aides, qu'il s'agisse des aides à l'installation ou des aides PAC. Ce que j'attends de l'agriculture, c'est qu'elle me permette de vivre de la vente de ma production. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai rejoint la CR, car nous défendons des prix rémunérateurs pour nos productions. Ce n'est pas utopique, notre projet le démontre ! Nous réclamons une nouvelle PAC, basée sur des prix rémunérateurs, un rééquilibrage et une régulation des productions. Si nous avions des perspectives de rentabilité et de la visibilité, nous aurions nettement moins de freins à l'installation : financer son projet, avoir la confiance des propriétaires... tout cela serait facilité. A la place, nous remplissons des plans d'entreprise en intégrant des prix que personne ne peut garantir sur cette période là, et nous n'avons pas d'autre solution ensuite que de réaliser des avenants à ces plans, bien sûr facturées par des structures telles que la chambre d'agriculture...

Pour résumer, pour lutter contre la diminution des actifs agricoles, " la DJA c'est bien, les prix c'est mieux " ! »

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