Sylvie Girard représente la Coordination Rurale dans diverses commissions pour la gestion de la crise engendrée par l’épisode de grippe aviaire, tant au niveau du comité de suivi national qu’au niveau régional et départemental, en tant qu’élue à la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Le 10 mars, avec une délégation d’éleveurs, elle rencontrait la Direction générale de l'alimentation (DGAL) et la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE).

Quelles ont été vos revendications ?

Nous avons avancé des propositions de changement indispensable à la poursuite de la production de canards sous signe de qualité. Nous devons privilégier les réflexes de bon sens, sans contrarier ce que la nature nous a enseigné : produire en plein air et gaver en hiver ne sauraient être remis en question. Limiter le transport d’animaux en réorganisant la production, le gavage et l’abattage mais aussi l’approvisionnement en aliments, constitue la vraie garantie sanitaire. Nous avons également demandé de considérer avec le plus grand sérieux la piste vaccinale.

Comment vos propositions ont-elles été perçues ?

Nous sommes restés quasiment trois heures ! Nous étions face à des personnes très informées et impliquées mais qui avaient besoin de l’expertise de terrain. Nous avons le sentiment d’avoir été écoutés. L’administration souhaite arriver par le consensus à la signature d’un pacte qui responsabilise et engage sans obligation tous les acteurs de la filière. Des réunions techniques et politiques se tiendront pour aboutir à la signature du pacte en avril avec le ministre.

Qu’en est-il des mesures proposées par le Cifog : claustration des animaux et production en bande unique par exploitation ?

Nous avons avancé nos arguments contre la claustration des animaux et contre le passage obligatoire à la bande unique par exploitation. Ces mesures sont effectivement voulues par le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), mais si elles sont mises en place, elles laisseront beaucoup d’éleveurs de canards sur le bord du chemin. Nous avons rappelé que le confinement n’a pas empêché l’apparition du virus dans certains élevages qui le pratiquaient ; la claustration ne constitue donc en rien une garantie sanitaire. De plus, elle demanderait aux éleveurs des investissements qu’ils ne pourront assumer, à moins de devenir complètement dépendants de leurs groupements respectifs. Dans le passage en bande unique par exploitation, nous craignons une dérive vers de grosses unités, en capacité d’investir et donc de grossir encore. Où sera dès lors la dé-densification attendue ? Pourtant, la marche forcée vers le confinement des animaux et l’élevage en bande unique est enclenchée. Bizarrement, pendant que nous étions reçu au ministère, le Cifog communiquait sur leurs positions comme étant établies.

Les indemnisations seront-elles à la hauteur des pertes ?

Les indemnisations sur les épisodes 2016-2017 ne compenseront jamais les pertes subies et les délais sont insupportables. Loin de voir le bout du tunnel, nous restons vigilants pour que tous les éleveurs soient respectés et accompagnés. C’est la revalorisation des marges aux producteurs qui sortira cette filière de l’ornière.

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