Depuis plusieurs semaines, la Confédération Paysanne s’est lancée dans une croisade contre les exportations dans la filière bovine. Après s’être mobilisé contre le centre d’allotement de Digoin en Saône et Loire, voilà qu’elle s’insurge contre la stratégie adoptée par les pouvoirs publics et l’ensemble des professionnels pour lutter contre l’apparition de la FCO de sérotype 4 en Haute Savoie.

En effet, un arrêté du 8 novembre a instauré une zone de protection couvrant cinq départements autour du foyer de Haute Savoie, rendant obligatoire la vaccination des cheptels à l’intérieur de cette zone contre le sérotype 4. La Confédération paysanne a alors dénoncé deux jours plus tard une stratégie qui vise uniquement à « préserver la capacité exportatrice de la France ».

La CR s'est toujours méfiée des campagnes de vaccination obligatoire en raison de ses effets sur les éleveurs : problèmes de reproduction, difficultés opérationnelles (contention, manipulation) et financières (retards de vente). Il est en revanche illusoire de se servir de cette maladie pour critiquer une nouvelle fois les "exportations".

Il faut ici rappeler qu’1,3 millions de bovins sont exportés chaque année, faisant vivre plusieurs dizaines de milliers d’éleveurs. Que propose la Confédération paysanne pour rémunérer ces agriculteurs s’il fallait renoncer à nos débouchés extérieurs ? Comment sécuriser leur revenu si la France était touchée par un nouveau sérotype de FCO, remettant en cause les échanges avec ses partenaires ? Il est vrai que la dépendance des éleveurs français vis-à-vis de l’étranger est regrettable, c’est pourquoi la CR milite depuis toujours pour que les pouvoirs publics entreprennent une véritable politique de soutien à sa filière engraissement pour que les naisseurs français puisse écouler leur production sur le territoire national. Mais en attendant, l’exportation constitue un débouché dont ils ne peuvent se passer pour vivre de leur métier.

La CR n’a jamais revendiqué par principe la conquête des marchés internationaux. Nous avons toujours défendu en priorité les échanges à l’intérieur du marché commun. Or, plus de 90 % (93 % en 2016) des exportations sont dirigées vers des pays de l’Union européenne. Protéger nos exportations vers ces pays en luttant contre la FCO n’est ainsi pas incompatible avec la critique du libre échange que nous ne cessons d’adresser aux dirigeants européens. Lutter contre le Mercosur et le CETA n’ont rien à voir avec les échanges intra-communautaires et la protection sanitaire de nos troupeaux.

 

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