Nous avons donc un nouveau président et, situation inédite, à la tête de la France un homme sans parti politique, il y a encore peu de temps. Soyons bons patriotes, souhaitons lui bonne chance.

Maintenant, sachons de notre côté faire la part des choses : quand on voit ce que les différentes politiques, qu’elles soient de droite ou de gauche ont réussi à faire de l’agriculture Française, nous n’avons pas grand-chose à craindre. Les plus pessimistes vous diront que ce président n’aura pas de majorité et qu’il sera donc forcé à la cohabitation. A voir ! Mais faut-il craindre une éventuelle cohabitation ? N’est-elle pas la fin de ces majorités absolues permettant de faire passer n’importe quoi, un coup à droite, un coup à gauche ? Ne permettrait-elle pas la fin des clivages politiques où l’on vote pour le parti et non pour l’idée, même si cette dernière est bonne ? La cohabitation, n’est-elle pas l’antidote de la pensée unique ?

L’absence des deux grands partis politiques au deuxième tour de l’élection présidentielle n’était jamais arrivée. Pour autant, ce qui vient de se passer n’est pas une fracture, c’est une rupture. Rupture que certains agriculteurs ont souhaité en 1992 en créant la Coordination Rurale. La cohabitation n’impose pas de renoncer à ses idées. Au contraire, c’est être présent pour les proposer. Une nouvelle porte vient de s’ouvrir, appartenir à un grand parti ou à un grand syndicat ne veut plus rien dire, les français viennent de le rejeter, il peut en être de même en agriculture. Gardons nos idées, il y a plus d’idées dans plusieurs façons de penser que dans une seule. Par contre, faisons les converger pour nous battre ensemble pour notre profession.

Que l’on ne se méprenne pas, s’entendre ne veut pas dire ne faire plus qu’un. S’entendre, c’est tout simplement un nouvel état d’esprit, une nouvelle façon de travailler et d’accepter les idées des autres. Certains en sont déjà convaincus, mais à l’heure du découragement, il me semble utile de répéter que le pluralisme syndical, comme le pluralisme politique, apporte plus de transparence, plus de force et de moyens pour tous.

Les monopoles et les clivages sont aujourd’hui rejetés par les français. Sommes-nous prêts, au sein de la profession agricole, à adopter ce nouvel état d’esprit ?

Michel Legrand, Président de la Chambre d'agriculture du Calvados

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