Janvier 2018… Déjà la période des vœux. Faut-il trouver de nouvelles formules et faire preuve d'imagination pour les exprimer ? Non ! Tout simplement : bonne année et bonne santé à tous.

Une année s'achève avec ses lots de soucis et de joies, une autre commence avec de nouvelles perspectives et des espoirs. Il faut se dire « qu’on me donne l'envie, l'envie d'avoir envie ». L'envie de prendre son destin en main, en étant fier d’être agriculteur et fier d'appartenir au syndicat qu’est la Coordination Rurale, une force de proposition et de conviction.

Pouvons-nous espérer pour le plus grand nombre d'entre nous de ne pas subir les mêmes problèmes qu’en 2017 ? Aléas climatiques, dégâts de gibier, attaques de loups, tracasseries administratives, baisses de rendements, ventes à perte…

Ne soyons pas résignés ; relever la tête est un défi. Certains l’ont pris à bras-le-corps, à l’image de l’un des pères fondateurs de la CR, Jacques Laigneau, parti il y a déjà 10 ans, et dont le seul mot d'ordre était : « Tous unis ! ». Quel courage et quelle détermination d’avoir mis en place le blocus de Paris pour dénoncer les ravages de la future PAC 92 ! Et il suffit de lire ses discours pour constater son caractère visionnaire. Ainsi est née la CR. Ainsi a-t-on commencé à en entendre parler. Ainsi un dessinateur du nom de Georges Wolinski a caricaturé L’Angélus de Jean-François Millet pour parler de la CR. Prenons un peu de temps et observons ce couple de paysans. Il semble fatigué, désemparé, priant pour des jours meilleurs. En faisant un grand bond dans le temps, comment certains agriculteurs sont-ils aujourd’hui ? Angoissés, désespérés, usés. Depuis plusieurs années, l'agriculture française est dans une grande difficulté, tant économique qu’existentielle. Les agriculteurs sont des pions de la dérive productiviste, toujours passionnées par leur noble métier, mais dépassés par une responsabilité sociale et écologique.

Si une révolution du système est en route, les agriculteurs sont attachés à leur terre. Ils ne veulent pas être des esclaves et souhaitent de la part de la société, la considération qu’ils méritent et notamment pouvoir faire vivre dignement leurs familles.

A la suite des États généraux de l’alimentation, une loi encadrant devrait sanctuariser les prix en sortie de la cour de ferme au-dessus des coûts de production. Nous demandons aussi une loi qui oblige une traçabilité intégrale et transparente des origines et des marges de production alimentaire. Cette traçabilité est nécessaire pour maintenir une confiance et un dialogue éclairé avec le consommateur.

Et si en 2018, le président de la République pouvait apporter de l'optimisme et un regard différent sur les agriculteurs et la ruralité… Nous l’invitons dans nos campagnes pour des visites non préparées, au cours desquelles nous pourrions faire autre chose que quelques selfies avec des hommes et des femmes au regard soucieux, préoccupés, fatigués, mais si attachés à leur terroir et à leur territoire.

Monsieur le Président, vous avez bouleversé le paysage politique, renouvelé une grande partie de l'Assemblée nationale, mais il est urgent de mettre un terme au virage ultralibéral pris par l’agriculture en 1992. Stop aux sur-transpositions des directives et des arrêtés de l'Union européenne. Stop à la prolifération de normes dont certaines pénalisent le devenir de nos exploitations. Notre administration doit permettre de faciliter les relations entre les acteurs et pas être un frein à notre économie.

2018 est une année importante pour l'agriculture française, nous allons œuvrer pour défendre nos propositions pour la PAC 2020. Mais c’est aussi l’année de la préparation et de la mise en place des équipes pour les élections de nos représentants aux chambres d'agriculture. Monsieur le Président, faites souffler un véritable vent de démocratie sur la représentativité syndicale. Beaucoup de problèmes se trouveront résolus avec une approche moins idéologique ou simplement basée sur une économie plus réaliste du monde agricole. Ainsi, avec un équilibre des organisations syndicales et leur soutien, vous pourrez plus facilement faire entendre la voix de la France pour une régulation basée sur des prix et une gestion raisonnée et efficace des volumes. Dans le cas contraire, l’agriculture française va continuer à sombrer et risque bien de poindre une catastrophe économique, sociale et humaine.

En son temps, Voltaire écrivait : « On a trouvé en bonne politique le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres ». Incroyable que ce soit encore tant d’actualité…

Chaque jour, dans nos fermes, nous faisons tous des choix. A la CR, des hommes et des femmes de conviction, libres et déterminés, sont fiers d’avoir choisi un syndicat 100 % agriculteurs. La CR reste ouverte à toutes les bonnes volontés.

En 2018, ne laissons pas les autres décider à notre place ; impliquons-nous davantage et prenons la parole pour défendre nos idées.

A l’heure de voter pour que notre situation change, pensons à ce que nous voulons laisser à nos enfants. Donnons-leur l'envie de faire perdurer nos métiers de l'agriculture dans un monde où les hommes et femmes croient en leur devenir et en leur avenir.

Max Bauer Président de la CR Paca, de la CR 83, de l’Uniphor et 4ème Vice-Président de la CR

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