Le 10 novembre, représentant la Coordination Rurale, j’ai quitté l’atelier 8 des EGA dont les pistes de réflexion sont d’assurer la sécurité sanitaire de l'alimentation française dans une économie agroalimentaire mondialisée et dans un contexte de changement climatique tout en prévenant les contaminations chimiques. En claquant la porte j’ai exprimé le ras-le-bol et le mécontentement face à l’oubli de l’agriculture dans les discussions. Par ce geste, j’ai souhaité rendre compte de la situation dans laquelle se trouve les agriculteurs ; la place de l’agriculture dans ces EGA est à l’image de ce qu’elle semble représenter pour la Société : oublier, mise de côté, difficilement écoutée et surtout la cible de critique alors qu’elle est la plus contrôlée et normée. Je me demande si ces États Généraux permettront, comme l’avait promis le Président de la République, d’améliorer la situation et le revenu des agriculteurs !

Il me semble que les associations environnementales ont eu un total contrôle sur cet atelier, notamment par la multiplication des structures : association santé environnement France, Foodwatch France, Générations futures, WECF France, France nature environnement, les amis de la terre, Agir pour l’environnement soit 7 associations pour dire la même chose ! Si cela n’est pas du lobby ! Nous sommes en train de nous faire enfumer ! Nous sommes très inquiet et la déception est grande ! Je dis STOP ! Même si un grand nombre de Français aime leurs agriculteurs, un certain nombre d’associations porte des critiques non fondées ou des sujets à controverse pour entretenir leurs existences.

D’après la MSA, 20 % des exploitations ont dégagé des revenus négatifs en 2016 donc 20 % des agriculteurs ne se versent pas de salaires. Un agriculteur sur trois touche moins de 350 € par mois, et je ne vous parle pas des nombreux suicides… On nous a éloigné de l’objectif des EGA qui est d’assurer une revenu digne à nos agriculteurs.

Les EGA vont se conclure par une véritable veste pour les agriculteurs français. Nous sommes tous responsables de notre destin, chaque acteur autour de cette table sont responsables de l’avenir que nous voulons laisser à nos enfants.

Ces EGA nous font nous questionner sur l’amélioration du modèle alimentaire français ; ce qui est louable et n’est pas dénué d’intérêts. Il est cependant important de prendre du recul et de savoir ce que nous voulons faire subir comme modifications. En contraignant l’agriculture française à ces vastes changements, un grand nombre d’exploitations de petites et moyennes tailles ne pourront suivre cette modernisation, laissant sur le côté ces agriculteurs et la production qui va avec. Ce « jeu-là » fera, sans aucun doute, le bonheur des exploitations-industries mais aussi et surtout des importations. Ces derniers dont les normes sont bien souvent en deçà des exigences françaises. A long terme, le risque est d’avoir d’une part une agriculture française ultra-normée mais ultra-limitée et ne pouvant couvrir l’ensemble des besoins de la population française en termes de quantité et d’accessibilité prix. Et d’autre part, de voir rentrer des marchandises étrangères dont les exigences sanitaires sont bien moindres afin de compenser la diminution de la production française et de répondre aux besoins d’une population ne pouvant accéder à cette production française qui serait alors qualifiée de haut de gamme. Souhaite-t-on prendre ce chemin ? Souhaite-t-on faire disparaître la proximité et la maîtrise de nos productions au profit d’une agriculture standardisée et peu quantitative mais répondant à une vaste liste de critères et de normes ?

Max Bauer Président de la CR83, CRPaca et de l’Uniphor, 4ème vice président de la CR

Dans la même catégorie

CR 83
Provence Alpes-Côte-d'Azur
CR 83
Provence Alpes-Côte-d'Azur