En cette fin d’année, la section viticole de la Coordination Rurale était à Colmar à la rencontre des viticulteurs alsaciens. A cette occasion, une conférence sur les maladies du bois a été présentée par Céline ABIDON de l’IFV Colmar.
Partie 1 : Retour sur les premiers résultats de l’observatoire Alsace
En 2016, l’observatoire sur les maladies du bois se base sur 76 parcelles (contre 90 en 2003) et intègre 3 cépages typiques du vignobles alsaciens : le Gewurztraminer, l’Auxerrois et le Riesling.
Les résultats observés sont ensuite analysés à partir de la notation de la Chambre d’Agriculture et de l’IFV.
Observations :
- L’expression des maladies du bois progresse sur les trois cépages observés, bien que certains semblent y être plus sensible.
- La climatologie, à travers la pluie et les pics de chaleur, semble favoriser l’expression des maladies du bois.
- Pour la première fois (en 2016), le Riesling a un taux d’expression plus importation que le Gewurztraminer (14,09 % vs 12,98 %). Une explication à cette évolution pourrait être que le Riesling supporte très mal le stress hydrique (qui a touché le vignoble alsacien cette année).
Partie 2 : Travaux sur l’arsénite de sodium
Pour rappel, il s’agit du seul produit efficace contre ESCA et BDA (Botryosphaeriose) car il permet de contenir l’expression des MDB et réduire les pertes de production. Il a été retiré en 2001 en France (retrait tardif par rapport aux autres pays européens). L’objectif des travaux réalisés est de trouver un ou des moyens de substitution pour mimer l’action de l’arsénite. Le plan de recherche est le suivant : localiser et suivre l’évolution de l’arsénique dans la plante, identifier et comprendre son effet sur la physiologie de la plante et son effet sur la microflore et les agents pathogènes. Les essais ont été réalisés sur différents cépages et différents sites (Avize : Chardonnay ; Rouffach : Gewurztraminer ; Rodilhan : Merlot). Traitements réalisés à la pompe à dos sur des ceps malades à l’arsénite jusqu’à ruissèlement, puis analyse des bois. Observations :- L’arsénite a un effet sur les agents pathogènes et la microflore accompagnatrice ;
- Diminution des populations des champignons liés à l’esca (Chlamydospora, F.Metditerranea) ;
- Augmentation des populations de Penicillium spp., Trichoderma spp. et Fusarium sp;
- Diminution des agents pathogènes qui se trouvent à la surface des bois ;
- Réduction de l’inoculum et forte concentration de l’arsénite dans l’amadou.
- Plants traités = moins de tige et plus petites et système racinaire réduit = inhibition de la croissance des plants ;
- Forte altération de la photosynthèse, puis reprise de +belle après 4 mois.
- Activation des gènes de défense et de détoxification
- Rôle éliciteur observé sur le Chardonnay.
Partie 3 : Impact du porte-greffe sur l’expression des symptômes foliaires de l’Esca
Les premières observations sur 2 parcelles de Cabernet-Sauvignon (avec différents porte-greffes : Riparia G. ; 101-14 M ; 3309 C ; Gravesac ; 420 A) laissent apparaitre depuis 2010 :- une forte variabilité interparcellaires et interannuelles,
- des symptômes moins importants avec le porte-greffe Riparia,
- les données maximales varient entre les millésimes et les parcelles.
- une baisse significative des symptômes d’Esca/BDA pour les parcelles greffées en fente pleine par rapport à oméga et anglaise pour les 2 cépages et pour les 2 années de suivi.
- une présence plus significative d’Esca sur les greffes anglaises
- une absence de conclusions statistiques pour l’oméga.
- Une plus grande surface de contact entre les cambiums entrainerait de meilleures soudures et donc une meilleure qualité de greffe
- Le greffage en place nécessite plus de ressources de la plante pour former le cal de soudure et provoque une meilleure circulation de la sève