Organisée à l'initiative de la FNAB, une rencontre entre les principaux candidats à l’élection présidentielle, ou leur représentant, et les agriculteurs bio a eu lieu jeudi 9 février à Paris. Ceci est un compte-rendu de la co responsable de la Section Bio, Clarisse Peron, qui a assisté à cette rencontre.  M Hamon était représenté par M Philippe Martin : ancien ministre, élu du Gers. Pour info, le Gers est un des départements où il y a le plus de bios : 14 % de la SAU. M. Martin a dit qu'avant, les bios étaient considérés comme des farfelus par la  chambre d'agriculture. Son candidat souhaite
  • le retrait des phytos dangereux, et des perturbateurs endocriniens,
  • le refus des importations contaminées,
  • l'augmentation des produits bios dans l'alimentation des collectivités,
  • le plafonnement des aides bios,
  • et l'accueil des migrants.
M Macron était représenté par Mme Corinne Lepage : avocate, députée européenne, ancienne ministre.

Il propose la mise en place de paiements pour services environnementaux, aux agriculteurs, (sous forme de contrats), avec un budget de 200 millions d'euros, surtout destinés à l'AB. Ce budget serait de l'argent national et permettrait d'alléger les charges. Il a soutenu que la politique agricole française devait aider les bios. Il a signé le Pacte Bio proposé par la FNAB.

Mme Le Pen était représentée par M Philippe Murer : écrivain. Elle propose d' aider les agriculteurs bios, pour éviter la concurrence avec les pays étrangers : Elle promet
  • une TVA à 0 % et moins de charges pour les bios,
  • une traçabilité affichée sur les produits,
  • de sortir de l'austérité européenne,
  • 0 plafond pour les aides.
 

Elle souhaite instaurer une politique agricole française (PAF), puisqu'elle souhaite que la France quitte l'Union Européenne. Elle précise qu'actuellement, 21 milliards d'euros sont versés par la France à l'Union Européenne, selon le FN. La France en récupère 13 milliards via la PAC. En quittant, l'UE, le FN affirme que 8 milliards seraient disponibles en plus pour financer l'agriculture.

M Fillon était représenté par M Guy Vasseur : président de l’APCA, membre du conseil régional de la région Centre-Val de Loire (où les élus ont le plus sous-estimé le budget pour les aides bio), élu de la FDSEA. Il n'a rien proposé aux bios et a peu parlé de la bio. Il souhaite une agriculture exportatrice, M Fillon souhaite la continuité de l'agriculture actuelle, celle de la FNSEA. Il a affirmé que les représentants des chambres d'agriculture étant élus, il était légitime que son syndicat ait le pouvoir.M Mélenchon était représenté par M Laurent Levard : ingénieur agronome. Il souhaite
  • augmenter les productions de protéines , des énergies renouvelables,
  • pas d'ogm,
  • une agriculture paysanne,
  • prioriser les terres aux bios,
  • aider le développement des filières agricoles locales,
Il promet
  • d'augmenter les produits bios dans la restauration des collectivités,
  • et que le pouvoir n'appartienne plus à une seule organisation syndicale.
  Il souhaite instaurer une transition écologique des agriculteurs : les inciter à se convertir à l' AB.

Il souhaite des prix rémunérateurs pour les agriculteurs; les consommateurs devront accepter de payer plus cher leur alimentation, et une redistribution des revenus dans la société.

Il veut repositionner les aides bios dans le 1er pilier de la PAC.

Il dénonce l'absence d'une volonté politique en faveur des bios, du gouvernement actuel, et des budgets distribués pour l’investissement d’agriculteurs conventionnels, et non pour les agriculteurs biologiques.

Il affirme qu'il faut diminuer le prix du foncier, avec une nouvelle politique des structures, une loi pour protéger le foncier des agriculteurs. Le foncier ne doit plus être du ressort des élus locaux qui favorisent la spéculation et l'urbanisation.

M Yannick Jadot : candidat à la présidence pour le parti EELV Il souhaite
  • le développement de l'agro-écologie,
  • 100.000 euros de plafond d'aides par exploitation,
  • 20 % d'agriculteurs bios,
  • augmenter les produits bios et locaux dans la restauration publique et privée ( par ex : les maisons de retraite ),
  • grâce à l'AB, créer un développement économique : filières locales, production-transformation-consommation locales, prioriser l'argent de l'Union Européenne pour le financement des conversions à l'AB,
  • que la sensibilité au respect de la nature, que les valeurs morales de l'AB soient transmises à l'école, ( les enfants seront les ambassadeurs de l'AB, ils les transmettront à leurs parents ),
  • diminuer l'usage des pesticides,
  • favoriser une agriculture paysanne locale.
Il se prononce contre les OGM et dénonce que c'est insensé de gaspiller de l'argent public pour exporter, et ajoute qu'exporter, c'est ruiner les agriculteurs. Il a signé le pacte bio proposé par la FNAB.M Murer et M Jadot  évoquent le fait que le CETA sera accepté par notre gouvernement actuel, dans 3 jours. Pour eux, il s'agit d'une concurrence déloyale pour les agriculteurs français, car les prix agricoles vont encore baisser. Pour eux, la Commission européenne est l'amie de l'agro-business. M Murer  (FN) demande alors à M Jadot  : "Nous sommes contre le CETA, pourquoi voulez-vous que la France reste dans l'UE ?"

M Jadot répond qu'il souhaite effectivement que la France reste dans l'Union Européenne. Pour lui, l'Europe c'est de la politique, que le poids de la souveraineté européenne est important. Il redit que le CETA est une catastrophe pour l'élevage européen. Il souhaite un autre modèle agricole à l'échelle mondiale. Il affirme que les malheurs des agriculteurs (les prix trop bas à cause de la mondialisation) ont été provoqués par la France, et non par l'Union Européenne. La faute est à la politique agricole française, à son modèle productiviste et sa vocation exportatrice. La politique agricole majoritaire : FNSEA a cassé les marchés agricoles, en supprimant les quotas, ce qui a eu pour conséquences l'augmentation de la production et la chute des prix. Elle est trop à l'écoute des industriels qui ont vu dans la suppression des quotas, une augmentation de leur production et de leurs profits. Il a rappelé que la fin des quotas a été décidée sous la présidence européenne de la France, quand M Barnier était le ministre de l'agriculture ! Selon lui, la France ne peut pas réussir seule. Elle a besoin de l'échelle européenne. Mais la France peut agir à l'échelle nationale. Il a évoqué un rapport de force dans la profession agricole à revoir.

M. Murer rappelle que l'Europe a laissé mourir les Grecs, qu'elle ouvre trop ses frontières, et qu'il faut redouter la concurrence des produits bios venant du Maroc, de la Pologne, où les coûts de la main d’œuvre sont bas.

Mme Lepage, (M. Macron) précise qu'elle est d'accord avec M Jadot, concernant l'Union Européenne.

M. Levard, (M. Mélenchon) dénonce le fait que certains traités européens sont contre l' AB et l'agriculture en général, comme le droit à la concurrence qui interdit d'afficher le lieu de production des produits agricoles, dans les appels d'offres publiques. Il insiste à nouveau sur le fait d'imposer des prix minimums aux producteurs, et qu'il faut imposer des critères d'importation en fonction de 2 normes : sociales et écologiques. Il est contre les OGM, le traité de Lisbonne, et pense qu'il faudra que la France quitte certains traités européens, (la concurrence déloyale). Il a évoqué la possibilité de sortir de certains traités européens, en faisant appel à l'opinion démocratique.

M. Levard et M. Jadot ont évoqué leur volonté «d'un bras de fer » avec les institutions européennes,

Dans la même catégorie

Infos et aides agricoles
Pays de la Loire
Bio
Bio