Dans le monde agricole, notre histoire ne nous pousse pas naturellement vers la culture bio. Imaginez un médecin qui s’interdirait - même en cas de force majeure - d’utiliser tout traitement antibiotique et qui, de plus, paierait un inspecteur pour certifier qu’il n’en utilise pas ! Il est certain que ce médecin comptabiliserait plus de décès. 

D’ailleurs dans le passé j’ai souvenir d’avoir ri de pseudo agriculteurs aux cheveux longs qui rêvaient de récolter parce qu’ils avaient « craché trois noyaux sur le sol ». C’est une vision caricaturale, mais les débuts de la bio, c’était un peu comme cela, et son développement n’avait que peu de raisons économiques.Certains pans de notre agriculture se sont effondrés économiquement ou se sont trouvés en grande difficulté, en particulier toute la partie qui se trouvait hors PAC, c’est à dire sans aides ni protection sur les prix de vente des produits.

C’est à ce moment qu’est né un nouveau type d’agriculteur : « le producteur bio ». Ce dernier a su saisir l’opportunité de répondre aux besoins d’une nouvelle niche commerciale tout en bénéficiant des aides mises en place.  A ce jour, ces producteurs bio maintiennent des exploitations qui auraient inéluctablement disparu dans la tourmente. Un danger guette tout de même cette niche, le système coopératif conventionnel tenu par la FNSEA, qui pour la viande, le vin, les fruits et légumes s’est toujours borné à mâcher le travail des centrales d’approvisionnement des grandes surfaces et hard discounter, prend chaque année plus de poids sur la part de marché du bio.

C’est ainsi que l’on peut maintenant trouver dans certaines enseignes d’hypermarchés des vins bio français à moins de 4 €, et des fruits et légumes à des prix proches de ceux pratiqués sur les produits conventionnels. C’est surtout à ce niveau que l’Etat doit peser, car si ses objectifs de production en bio qui sont de 20 % pour l’année 2020 (et de 6 % pour 2012 mais on voit bien qu'on en est loin !) étaient atteints, je ne pense pas que le bio y survivrait.

La coopération française s’accaparerait la mise en marché des produits pour les proposer aux prix les plus bas, afin de pouvoir être concurrentiel avec d’autres pays dont les cahiers des charges sont «  presque respectés ». L’Etat français et l’Union européenne souhaitent développer l’agriculture biologique, pour prendre le contre-pied des pratiques des agriculteurs conventionnels. Mais ils ne doivent pas se contenter de le décréter : il faut avant tout bien considérer les conditions économiques de production.

Si le Bio peut s’avérer être une bouée de sauvetage pour certains, il faut cependant que chacun étudie bien son cas avant de se lancer car il ne constituera jamais une panacée pour le monde agricole.

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