Éclaircie dans la grisaille hivernale, la hausse du prix du lait semble se confirmer jusqu'au printemps, même si elle reste encore timide.

Mais la tendance est là, avec un spot qui ne cesse de monter (420 €/t - spot NL au 13/11).

L'autre motif de satisfaction est la présence du PRM dans une proposition de résolution adoptée à l'Assemblée nationale. C'est enfin une reconnaissance et, nous l'espérons, le début de la défense de la régulation réclamée par l'EMB et l'OPL de la CR.

L'EMB, fédération européenne des syndicats laitiers, fêtait il y a quelques jours ses 10 ans : 10 ans de combat pour la défense du revenu des éleveurs laitiers européens, 10 ans de mobilisations et de rencontres pour la défense de la régulation de la production.

Mais rien n'est pour autant gagné tant la crise est grave et inscrite dans la durée (rien à voir avec les macarons, qui eux, ne connaissent pas la crise).

En effet, les blocages et manifestations aux grilles des laiteries continuent, avec des annonces de prix indécentes, des propositions d'aides à la limite de l'insulte, ou des hausses qui flirtent avec le ridicule, tant le fossé pour atteindre un prix rémunérateur est grand. Nous pourrions dire que la marge de progression est grande, mais ce mot "marge" a été depuis un bon moment confisqué à la plupart des éleveurs.

Certains tentent de reconquérir cette marge et on ne peut que se réjouir du succès du lait "C'est qui le patron" (qui n'est pas sans rappeler l'initiative "Die faire Milch" de l'EMB).

Cette démarche, comme celle de Faire France par exemple, est la bienvenue, et permettra certainement à quelques éleveurs de gagner leur vie. Le seul bémol, c'est que ce sont des initiatives visant à compenser le défaut des laiteries et transformateurs qui ne valorisent pas - pardon, qui ne paient pas.

C'est dramatique que les éleveurs doivent faire le boulot des laiteries coopératives et privées, en plus du leur !

Si des laiteries arrivent à gagner de l'argent avec ce type de produits en payant mieux les éleveurs, c'est que d'autres (tous) devraient en être capables.

Mais dans les coopératives, c'est qui le patron ? Ce n'est plus l'éleveur coopérateur...

Coopératives qui, si on en croit la vice-présidente de la FNPL, échappent souvent au bon sens paysan. Peut-être parce que souvent, les administrateurs laissent leur bon sens paysan à la porte de la ferme...

La reprise de la marge passerait donc par une maîtrise de la commercialisation et du prix de vente, mais aussi du marketing. Et certains, comme les écossais de Graham's - The Family Dairy n'hésitent pas à jouer le coup de pub en proposant une livraison spéciale de lait "top qualité" à Justin Bieber pour ses concerts à Glasgow. La star canadienne avait en effet demandé du lait lors de son concert à Manchester...

Une transition people qui nous emmène au Canada, le pays de la gestion de l'offre mais aussi du Ceta. Et pour s'adapter aux conséquences de cet accord, les producteurs de lait canadiens vont percevoir une aide publique (240 millions d'euros), ceci afin de se moderniser, de renforcer leur compétitivité et leur productivité...

Les vendeurs de robots et autres distributeurs d'aliments doivent être satisfaits de ce programme d'investissements. Mais les éleveurs ? Vont-ils aussi devoir produire et à moins cher pour satisfaire la "vocation exportatrice" de leur pays ? Eux qui ont/avaient le meilleur système de régulation au monde...

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